Créer du lien entre une ville et l’art : l’exemple du festival Planche(s) Contact
2016-11-02
| Aurélie R.
On connaît Deauville pour ses plages et son festival de cinéma. Mais Deauville s’est également doté, depuis 2010, d’un festival de photographie singulier et créatif. Basé sur un concept de résidence de création et de commandes publiques, Planche(s) Contact présente le travail de photographes confirmés et amateurs, autour du thème de la Ville de Deauville.
Les photographies sont visibles jusqu’au 27 novembre 2016 : lieux et horaires.
Philippe Augier, maire de Deauville, est à l’origine de la création du festival. Il nous parle de ce projet, de son ambition, de son évolution. L’occasion de rendre compte d’un lien fort entre art, territoire, vie publique et projet politique
– Bonjour Philippe, pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ainsi que votre implication dans l’organisation du festival Planche(s) Contact ?
Je suis Maire de Deauville depuis 2001, je suis également impliqué au sein de différentes instances nationales traitant du tourisme. Aujourd’hui, je consacre mon temps à ces fonctions. J’ai été chef d’entreprise jusqu’en 2006. Sensible à l’Art, j’ai souhaité dès 1995 placer la culture au cœur des projets Deauvillais. Planche(s) Contact est né à l’occasion du 150ème anniversaire de la Ville, une belle façon pour moi de célébrer la création photographique qui a toujours été présente à Deauville.
– Quelle est l’originalité du festival de photographie Planche(s) Contact ?
Planche(s) Contact est le seul festival de photographie en France qui s’appuie sur des commandes publiques et donc une production artistique propre à Deauville. Un concept inédit à l’origine de son développement très rapide : les photographes sont séduits par cet espace de création et de diffusion, et les passionnés de photographie aiment découvrir à Deauville des travaux inédits. Autre source de satisfaction liée à ce concept : la Ville dispose aujourd’hui d’un formidable fond photographique qu’elle va pouvoir continuer de partager avec le public notamment à l’ouverture des Franciscaines, son futur équipement culturel. La photographie en deviendra l’une des composantes artistiques permanentes.
(c)SBE Off
– Pourquoi avoir décidé d’accompagner les artistes en résidence avant de présenter leur travail lors du festival ?
La genèse de Planche(s) Contact, c’est l’envie de poursuivre la complicité entre Deauville et les grands photographes. Dès 1906, Jacques Henri Lartigue photographie Deauville, suivi dans les années 20 par les frères Seeberger, qui immortalisent sur les Planches ou aux courses, les personnalités en villégiature et les femmes habillées par Paul Poiret, Jean Patou, Chanel ou Madeleine Vionnet… Après guerre, ce sera Gisèle Freund, puis Robert Capa, envoyé spécial de Holiday Magazine en 1951, Georges Dambier, suivis dans les années 60 et 70 de Robert Doisneau, Henri Cartier Bresson, Martine Franck, John Batho et de beaucoup d’autres.
Tous nous ont laissé un vaste patrimoine, de multiples visions de Deauville. Tout en continuant à explorer ce passé au travers des rétrospectives que nous organisons en été, est née l’envie de poursuivre cette histoire et d’en écrire de nouvelles pages grâce à la venue d’artistes en résidence.
Paolo Verzone
– Quel est l’intérêt pour une mairie de doter sa ville d’un événement artistique de cet ampleur ?
Le festival de photographies Planche(s) Contact est tout d’abord l’occasion de disposer d’un travail sur l’identité de la ville, toutes ses facettes, sa diversité. C’est aussi organiser un événement attractif pour le grand public qui donne une bonne raison de fréquenter la ville, d’y séjourner. C’est aussi contribuer à la production artistique et soutenir la création. On oublie souvent que la commande a été, de tous temps, au cœur des préoccupations des artistes. La Joconde est une commande ! Pour moi, cet événement permet de donner les moyens à des photographes de s’exprimer avec leur art, leur style, dans un cadre défini qui est en fin de compte très large : la ville de Deauville. Cela peut être une fiction, de l’architecture, un reportage humain, une nature morte… qu’importe !
– Votre coup de cœur de l’année ?
Bernard Descamps et ses photographies en noir et blanc de la ville, qui racontent chacune une histoire :
Merci à Philippe Augier pour avoir répondu à nos questions et à Florence Rosenfeld pour son aide dans la réalisation de cet article.